Réforme des retraites : pourquoi Sgen-CFDT et CFDT n’ont pas appelé à la grève

Après la publication du rapport Delevoye en juillet, le Premier ministre Édouard Philippe vient de présenter la méthode de travail pour les mois à venir. La CFDT a déjà été entendue sur certains points, elle continue à porter ses analyses et revendications dans les consultations qui s'ouvrent.

Des revendications qui divergent

Les organisations qui appellent à la grève s’opposent par posture ou par principe à une réforme reposant sur le passage d’un système par annuités (les droits créés sont liés à des trimestres validés) à un système par points (les cotisations versées sont converties en points). Les points comme les annuités ne sont pourtant qu’une modalité de comptabilisation des droits qui ne modifie pas mécaniquement la répartition ou les éléments de solidarité en vigueur.

Les points comme les annuités ne sont qu’une modalité de comptabilisation des droits.

Dans un régime de retraite par répartition, la générosité du système ne dépend pas de la référence à des points ou des annuités mais du montant des cotisations prélevées auprès des actifs et du nombre de retraités entre lesquels les répartir.

Le système par points est d’ailleurs déjà utilisé pour la retraite complémentaire dans le privé, sans jamais avoir été remis en cause.

Le Sgen-CFDT ne peut donc s’associer aux organisations qui font du refus du système par points leur principale revendication.

La possibilité de négocier est encore ouverte

La CFDT réclame depuis longtemps une réforme du système des retraites afin qu’il devienne plus lisible, plus juste et plus solidaire.

Si certains se limitent d’emblée à un refus de la réforme avec le statu quo pour seule perspective, la CFDT ne peut fermer les yeux sur les injustices du système actuel (situation des polypensionnés, faiblesse des basses pensions, périodes de travail n’ouvrant aucun droit…) et sur les droits à conquérir (égalité femmes-hommes, prise en compte de la pénibilité, aménagement des fins de carrière…).

Nous refusons de renoncer par avance à peser sur le contenu de la réforme. Les propositions présentées dans le rapport Delevoye ne nous satisfont pas toutes, mais nous avons la possibilité de faire valoir nos revendications sans avoir à commencer par appeler à la grève.

Nous refusons de renoncer par avance à peser sur le contenu de la réforme.

Là où certains ne proposent que le statu quo comme perspective, donc le maintien du système actuel avec toutes ses failles, nous préférons distinguer les propositions porteuses de sens et de droits nouveaux et les mesures qui ne nous conviennent pas et pour lesquelles nous faisons des contre-propositions ou marquons notre refus catégorique (comme nous l’avons déjà fait pour obtenir la suppression d’un « âge pivot »).

Ainsi, si la CFDT est favorable à une harmonisation des règles de calcul, elle exige que la politique de rémunération et de carrière soit revue dans la Fonction publique et les régimes spéciaux, pour tenir compte des nouvelles règles de calcul supprimant la référence à la rémunération des six derniers mois. Ces mesures compensatoires sont une condition indispensable à la réforme. La CFDT demande que les agents bénéficiant de peu de primes (comme les enseignants, les agents en catégorie B et C, les enseignants-chercheurs) voient leur rémunération revalorisée.

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