Action publique 2022 et Éducation nationale : quelle place pour le dialogue social ?

Dans une interview à la presse, et dans un communiqué, le Premier Ministre et le ministre de l’Éducation nationale présentent ce que le gouvernement retient des propositions du comité d’experts CAP 2022 pour l’Éducation nationale. Nous en faisons un tour rapide en rappelant nos positions.

Le gouvernement communique sur des décisions hors dialogue social et qui, pour une bonne partie, ne nous conviennent pas.

Confirmation des fusions d’académie

La communication gouvernementale confirme que c’est dans le cadre de la prise en compte par l’exécutif des propositions des expert.e.s du comité Action publique 2022 (CAP 2022), et en dehors du dialogue social, que le gouvernement a décidé unilatéralement de la fusion des académies à l’échelle des nouvelles régions. Le Sgen-CFDT l’a rappelé dès la décision connue, cette orientation n’est pas celle que nous souhaitons.

 

Prime REP+ : le gouvernement tranche alors que le dialogue devait se poursuivre

Nombre d’autres sujets évoqués dans ces communications sont en fait déjà intégrés à l’agenda social de l’Éducation nationale : GRH de proximité, prime REP+, évolution des modalités de recrutement et de formation par exemple. Le directeur général des ressources humaines a d’ailleurs rappelé dans une interview radiophonique que ce serait bien dans le cadre de l’agenda social que ces sujets seront traités.

Le Sgen-CFDT était demandeur d’une démarche du type agenda social pour permettre aux organisations représentatives des agents de l’Éducation nationale d’avoir une visibilité et une capacité d’initiative sur les sujets concernant plus d’un millions d’agents.

Le gouvernement ne peut tout décider seul, hors du dialogue avec les organisations représentatives. Il semble avoir tranché sur la part variable de la prime REP+ alors que le dialogue devait reprendre à la rentrée et que l’instauration d’une part variable contredit les promesses du candidat devenu Président de la République. Retrouvez notre article à ce sujet.

Le Sgen-CFDT demande que l’agenda social reprenne son rythme et des modalités de travail respectueuses du dialogue social.

La formation initiale et la formation continue

Sur la formation initiale et la formation continue, le Sgen-CFDT considère que ces sujets sont communs aux ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de l’Éducation nationale. Nous demandons que toutes les réunions de travail sur ces sujets soient interministérielles et prennent appui sur les nombreux rapports récents qui font des préconisations reconnaissant le professionnalisme de toutes et tous. Retrouvez notre dossier sur la formation des personnels d’enseignement et d’éducation.

Une instance d’évaluation : pour quoi faire au juste ?

Concernant la création d’une instance d’évaluation de l’Éducation nationale, dans la triple perspective des préconisations de CAP 2022, de la généralisation d’évaluations standardisées des élèves à plusieurs stades de leurs scolarité, et de la connexion entre la part variable de la prime REP+ et l’évolution des résultats des élèves, le Sgen-CFDT est plus que circonspect. La confusion du rôle des différentes formes et modalités d’évaluation, la connexion directe à la rémunération des agents sont autant d’écueils qui risquent de transformer notre École en un vaste teach to test system. Le Sgen-CFDT n’est pas hostile à l’évaluation des services publics, mais encore faut-il d’abord s’entendre sur les différentes formes d’évaluation et les usages politiques et organisationnels qui en sont fait. Outre le fait que le gouvernement semble ignorer qu’il existe déjà des structures évaluant le système éducatif, il semble confondre les différentes formes et les différents usages des évaluations dans le système éducatif. Nous dénonçons cette tendance depuis plusieurs mois, retrouvez notre article à ce sujet.

Une fausse revalorisation annoncée via le recours aux heures supplémentaires

Dans leur communication, le Premier Ministre et le ministre proposent d’augmenter le pouvoir d’achat via le recours aux heures supplémentaires. Ce n’est donc pas une réelle progression du pouvoir d’achat qui est proposée aux agents, mais, uniquement pour celles et ceux dont le statut le permet, une incitation (demain une obligation ?) de « travailler plus pour gagner plus ». Après plusieurs années de stagnation de la valeur du point d’indice et donc d’érosion de son pouvoir d’achat, alors que le gouvernement cherche à supprimer des postes, cette proposition revient à proposer d’avoir moins d’emplois pour travailler plus et gagner plus. Pour le Sgen-CFDT, les agents attendent à la fois une amélioration réelle de leur pouvoir d’achat, et des conditions de travail leur permettant d’accomplir mieux encore leurs missions auprès du public.

 

Le Sgen-CFDT défendra ses positions lors des prochaines réunions programmées sur tous ces sujets dans l’intérêt des personnels de l’Éducation nationale.